Jacques Attali et Vincent Champain ont récemment présenté à la Fondation Jean-Jaurès une proposition visant à créer pour les chômeurs un véritable statut de "chercheur d'emploi" avec un contrat, un revenu, un encadrement, une formation et un débouché.
Selon les auteurs de la proposition, ce "contrat d'évolution" permettrait de supprimer le chômage en cinq ans, en modifiant en profondeur les politiques sociales de notre pays.
Pour les jeunes de 16 à 25 ans les plus en difficulté, la mise en place du contrat d'insertion dans la vie sociale (CIVIS) va déjà dans ce sens, en renforçant l'accompagnement dans la durée (un an renouvelable), et en le confiant au réseau des Missions Locales et PAIO.
Sur le fond, donc, on ne peut que soutenir ce changement de paradigme qui viserait à reconnaître que se former et chercher un emploi constitue une activité socialement utile.
Sur la forme, les interrogations sont plus nombreuses :
- vouloir placer les services de l'ANPE au centre de ce dispositif (qui deviendrait leur mission principale) relève de l'utopie, la culture de cette institution étant tellement éloignée de la dimension "coaching", et arcboutée sur l'impossible mise en relation adéquation entre l'offre et la demande d'emploi,
- vouloir faire assumer le rôle d'employeur "en dernier ressort" à la collectivité de proximité (la commune ou le groupement de communes) risque de créer un phénomène de rejet pour des élus incapables dans le contexte actuel de prendre en charge une telle responsabilité.
Tout ceci mérite débat : celui-ci est ouvert ici.
Je vous recommande tout particulièrement d'écouter l'interview de Jacques Attali sur les fondements philosophiques de la proposition.
Vu sur le site
http://www.actuchomage.org
Des mythes autour de l'emploi
En dehors d'un contexte bien particulier, la "croissance" ne crée pas d'emplois.
Seule une réduction ample, immédiate, impérative du temps de travail, associée à une extension du secteur public (qui ne se limite pas aux fonctionnaires) et du secteur coopératif, permet de résorber les 5 800 000 chômeurs réels (en équivalent temps plein).
Depuis plus de quarante ans le chômage n'a cessé d'augmenter, excepté pour de rares périodes. En 1964 la France comptait 251 400 chômeurs, au sens du Bureau International du Travail (BIT) et en moyenne annuelle, pour 19 709 600 personnes actives occupées (ayant un emploi).
En 1992, pour une croissance de la valeur ajoutée de 1,17 %, l'emploi a diminué de 136 100 (-179 700 en emplois réels, du fait d'une forte progression de l'emploi à temps partiel) alors qu'en 1991, pour une croissance voisine (1,10 %), l'emploi a augmenté de 45 500 (+67 100 emplois réels).
En 1994, pour une croissance forte de 2,75 %, l'emploi a diminué de 8 900 (-95 600 emplois réels) car la productivité a augmenté davantage (2,79 %) pour une durée annuelle identique du travail. En 1995, avec une croissance plus faible (2,10 %) de la production, l'emploi a augmenté de 268 000 (+201 600 en réel, forte augmentation du temps partiel) car la productivité a très peu augmenté (0,88 %) pour la même durée du travail.
Au début des années 70, la croissance était sensiblement supérieure à celle d'aujourd'hui. De 1970 à 1974, en quatre ans, la valeur ajoutée a progressé de 18,83 % et la productivité de 19,15 %, valeur légèrement supérieure. Si l'emploi a cependant progressé de 742 000, soit 3,60 %, c'est que la durée annuelle du travail a diminué de 3,73 % (de 1821 à 1753 heures). Le chômage a malgré tout augmenté car la population active progressait plus vite que la création d'emplois.
Ce n'est donc pas une forte "croissance" qui crée de l'emploi mais une différence positive importante entre la croissance de la production et celle de la productivité, comme pour les années 1988-89 (1,5 %) et dans une moindre mesure 1987 et 1990, ou une forte diminution de la durée du travail, comme entre 1970 et 1974.
Pour une durée constante du travail, seule une évolution de la valeur ajoutée supérieure à celle de la productivité entraîne une création nette d'emplois (nombre d'emplois créés, à durée du travail identique, supérieur à celui des emplois détruits). Plus généralement, l'évolution de la valeur ajoutée est égale au produit des évolutions de la productivité, de la durée du travail et de la population active occupée. Autrement dit, l'emploi (population occupée) augmente uniquement si la production (valeur ajoutée) augmente plus vite que le produit de la productivité par la durée du travail.
En 1994, malgré une croissance importante de la production (2,75 %), 8 900 emplois ont été perdus. La perte d'emplois réels est de 95 600 du fait de l'augmentation de 219 200 des emplois à temps partiel.
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Un autre mythe aussi se développe selon lequel, à partir de l'an 2006, la population active diminuerait, résolvant ainsi le problème du chômage. Effectivement, selon les projections de l'Insee et dans l'hypothèse moyenne, la population active atteindrait un sommet en 2006 (ou 2010 - 2012 selon des estimations plus récentes). Ensuite, la population active diminuerait d'abord très lentement (251 200 en moins après dix ans), puis lentement pour ne retrouver qu'en 2032 le niveau de 1996 et en 2040 celui de 1994. C'est une imposture de présenter ce facteur bien modeste comme une solution naturelle au chômage ... très partiellement et dans quarante ans.
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Enfin, ce ne sont pas les salariés payés au voisinage du smic qui coûtent trop cher aux entreprises. Le décile (10 %) des salariés les moins payés représente 4,9% de la masse salariale, alors que le décile des salariés les mieux payés représente 22,7 % de cette même masse, soit 4,63 fois plus. D'un autre point de vue, le salaire minimum du centile (1 / 100) le plus élevé des salaires, est 7,60 fois supérieur au salaire maximum parmi les 10 % de salaires les plus faibles. ... Comme on le constate, les "personnels non qualifiés" ne sont pas la cause principale des "trop lourdes charges salariales" des entreprises.
Pour plus d'informations, voir à cette adresse :
http://travail-chomage.site.voila.fr/ancien/mythes.htm
Rédigé par : visiteur | 07/09/2006 à 11:24
Vu sur le site
http://www.actuchomage.org
Gains de productivité du travail, durée du travail, chômage
Au lieu de réduire la durée du travail, comme dans les années 1970, les gains de productivité du travail ont conduit à un chômage très important, parfois caché en mettant plus de la moitié des chômeurs en invalidité (Pays-Bas, Grande-Bretagne, Danemark).
Les gains de productivité permettraient de réduire à quelques heures par semaine le travail nécessaire pour bien vivre, à condition de changer de modèle de société et de supprimer toutes les productions inutiles (par ailleurs nuisibles à l'avenir de la planète, donc au notre et à celui de nos enfants).
Voir cet article :
Gains de productivité du travail - 1997-2003
http://travail-chomage.site.voila.fr/produc/gain_productiv.htm
En France, la productivité du travail a augmenté de 17,22 % en sept ans, pour l'ensemble de l'activité nationale. Sans rien changer à la production de richesses du pays, le nombre d'emplois aurait pu être augmenté de 17,22 % en réduisant de 14,69 % la durée réelle du travail. En moyenne, avec des transferts d'emplois entre secteurs d'activité, le nombre d'emplois aurait augmenté de 4 284 500. Le chômage réel aurait beaucoup baissé.
D'autres articles intéressants sur le site
http://travail-chomage.site.voila.fr/index2.htm
comme "Des mythes autour de l'emploi",
"Chômage officiel et chômage réel en 2005",
"Le modèle libéral britannique : emploi et chômage" ....
Bonnes lectures, cela aide à réfléchir.
Rédigé par : visiteur | 07/09/2006 à 11:20