Marie, Renée, tu es née en 1925, à Nevers. Pupille de l’assistance publique, tu ne connaîtras jamais ton origine familiale, et tu ne chercheras jamais à la connaître. La lecture dans ton acte de naissance du descriptif des vêtements de bébé que tu portais le jour de ton placement laisse penser que tu venais d’une famille sinon bourgeoise du moins aisée.
Tu as été élevée dans le Morvan par tes parents adoptifs, un couple de gens modestes qui n’avait pas eu d’enfants, qui te donnèrent toute leur affection, et que tu considéras toute ta vie comme tes véritables parents. Tu reçues d’eux une éducation simple mais rigoureuse, le sens de la valeur du travail et de l’argent. Dès l’âge de 14 ans, tu commenças à travailler dans un souci qui ne te quittera jamais d’autonomie et d’indépendance.
Tu connus les difficultés de la guerre et les joies de la libération. Quelques années plus tard, tu rencontras à Decize Pierre Bureau, que tu épousas en 1954. Tu t’installas dans ta vie de femme au foyer pour élever tes deux enfants, gérant le petit budget familial avec ce sens de l’économie, de la parcimonie, qui te caractérisera toujours.
Les enfants grandirent, tes cheveux commencèrent à blanchir. Vinrent les petits enfants, Léa et Angéla, Maya et Suzanne, Louis et Valentin, puis les arrières petites filles, Anaïs, June et Louise. De Marie Renée, tu devins progressivement Mamie Renée, une grand’mère puis une arrière grand’mère affectueuse mais exigeante, généreuse mais vigilante.
Tu ne quitteras jamais le quartier de Saint Privé, à Decize, d’abord avenue du 14 juillet, puis dans cette petite maison de la rue Virlogeux, que vous aviez achetés, toi et ton époux, dans les années 70, et qui est partie en fumée dans la nuit du 6 février.
Tu aimais beaucoup lire et écouter la radio, tu t’intéressais à la politique et à tout ce qui se passait dans le monde. Depuis le décès de celui que tout le monde appelait « Milou », tu menais tranquillement ta vie de personne âgée, écoutant tes CD de Roberto Alagna, appréciée de tes voisins et des nombreuses personnes de Decize qui te visitaient régulièrement.
Ces derniers temps, ta vue s’était dégradée, ne plus pouvoir lire te manquait beaucoup, tes rhumatismes te faisaient souffrir, et les gestes du quotidien devenaient de plus en plus difficile.
Tu savais bien que tu allais devoir quitter ta maison, même si tu refusais cette idée. Le destin a précipité les choses. Toi qui te voulait discrète, qui ne voulait jamais déranger qui que ce soit, tu as quitté ta maison sous les feux tournoyants des gyrophares des pompiers et de la gendarmerie.
Tu as maintenant rejoint l’Orient Eternel…
Marie Renée, tu auras vécu pendant 87 ans une vie de femme simple et honnête, avec ses joies et ses peines, mais les circonstances particulières de ta naissance et de ta mort laisseront dans notre mémoire un souvenir emprunt d’une part de mystère et d’exception.
Cher Jean,
Je connaissais bien ta maman, la cousine de mon père. Je n'oublierai jamais son sourire permanent, sa douceur, sa gentillesse. Nous n'avons pu aller à son enterrement, mais tu sais très bien que dans notre famille ces choses comptent bien peu. Je sais qu'à travers toi, ta soeur et vos descendants un lien important restera entre nos familles.
Je t'adresse de la part de tous les cousins l'assurance du partage de votre douleur et de notre grande affection.
Jean-Charles
Rédigé par : Jean-Charles | 18/02/2012 à 12:06