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Ce capteur de rêve m'a été offert par un ami québécois de la région d'Abitibi-Témiscamingue, Paul Pratte. Cet objet a été confectionné à l'école secondaire Amik-Wiche du lac Simon, une communauté algonquine (autochtone) de cette région.
Selon la croyance des premiers peuples, le capteur de rêve empêche les mauvais rêves d'envahir le sommeil de son détenteur. Agissant comme un filtre, il conserve les belles images de la nuit et brûle les mauvaises aux premières lueurs du jour.
Merci Paul! Ce matin, je me suis levé de très bonne humeur, le capteur de rêves avait bien travaillé, et seul le souvenir d'un rêve très agréable restait dans ma mémoire.
Rédigé à 17:41 dans America, Monde | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
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Dans la série "coup de coeur" et en lien direct avec le précédent billet, une autre photographe spécialiste du mileu aquatique : Christy Lee Rogers.
Elle est originaire de Kallua, une petite ville balnéaire d'Awaï. Elle vit et travaille une partie de l'année à Los Angeles.
Sa série de sirènes allie pudeur et sensualité, fluidité et douceur. A découvrir absolument
Rédigé à 15:44 dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
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Je ne suis pas particulièrement attiré par la photo sous-marine au sens habituel du terme, et je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de pratiquer la plongée. Le Perthuis d'antioche n'a pas la réputation d'être un haut lieu pour la pratique de cette activité. Mon expérience se limite à une plongée en Corse du côté de Rondinara, et à quelques brasses avec masque et tuba dans un des lagons de l'île de la Réunion.
Mais en revanche, je suis très attiré par les sirènes et impressionné par le travail de certains photographes comme Kenvin Pinardy, qui semblent aussi à l'aise que des poissons dans l'eau à shooter ces créatures qui semblent surgir d'un autre monde.
Mais au-delà des compétences du photographe, c'est le travail de ces modèles qui est remarquable, et l'on a parfois envie de chercher le trucage tant les expressions des visages semblent aériens (et non pas sous-marins...).
Bref, pour moi, tout reste à faire, m'initier à la plongée, trouver du matériel, et surtout croiser des sirènes qui savent et aiment poser avec autant de naturel dans ce monde de Némo. C'est pas gagné!
Rédigé à 16:28 dans Artistes, Femmes, Ile de Ré, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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Il me revient en mémoire cette citation de Paul Valéry : "Don Juan recherchait les femmes et l'amour des femmes, non pour le plaisir lui-même, ni pour la joie de vaincre... Mais il sentait, et peut-être savait, que les premiers moments de l'amour, et le premier temps, dès après le triomphe, engendrent dans l'être une énergie de qualité suprême, une sorte d'enivrement et de jeunesse qui font la vie légère et puissante, l'esprit étincelant, l'âme étrangement agréable à elle-même".
"Chaque homme, chaque femme est une étoile"
Aleister Crowley
Rédigé à 22:19 dans Héros, Littérature | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
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Edgar MORIN, sociologue et philosophe, publiait hier un article dans le Monde intitulé "Démocratiser la poésie", en réponse à une question posée dans le cadre du "Théâtre des idées" du Festival d'Avignon : Quelle politique pour l'art et la culture?
Dans cet article Edgar MORIN rappelle l'importance capitale de la culture esthétique qui nourrit ce qui ce qui est pour lui la poésie de la vie. "Vivre vraiment, c'est vivre poétiquement c'est-à-dire dans l'épanouissement de soi, la communauté, l'amour, la participation à autrui et au monde. Le monde est merveilleux et horrible. L'esthétique nous aide à nous émerveiller et nous permet de regarder l'horreur".
Pour Edgar MORIN, l'esthétique des oeuvres nous permet de développer une esthétique de vie quotidienne. La poésie de la vie c'est de pouvoir s'émerveiller en regardant un coucher de soleil, un arbre majestueux, un beau visage....
Poésie, littérature, cinéma, musique sont des forces d'enchantement sans cesse renouvelées, véritables oxygènes de l'âme nécessaires à sa vie. Relisez les poèmes d'Eluard et les romans de Cendrars, écoutez "La flute enchantée" de Mozart, revoyez "La Belle et la Bête" de Cocteau.
Et Edgar MORIN de conclure son article en rappelant ce qui selon lui devrait animer une politique de la culture : une politique de l'esthétique qui contribuerait à démocratiser la poésie de vivre, à ce chacun puisse vivre de belles émotions et découvre ses propres vérités.
En espérant que ces propos arrivent jusqu'aux oreilles des futurs candidats à la présidentielle.
Rédigé à 15:26 dans Artistes, Culture, Philosophie, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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Discours prononcé par André Malraux le 2 septembre 1973 à l’occasion de l’inauguration du Monument de la Résistance érigé par le sculpteur Émile Gilioli sur le Plateau des Glières.
Je parle au nom des Associations des Résistants de Haute-Savoie et de l’Ordre de la Libération. En mémoire du général de Gaulle, pour les survivants et pour les enfants des morts.
Lorsque Tom Morel eut été tué, le maquis des Glières exterminé ou dispersé, il se fit un grand silence. Les premiers maquisards français étaient tombés pour avoir combattu face à face les divisions allemandes avec leurs mains presque nues, non plus dans nos combats de la nuit, mais dans la clarté terrible de la neige. Et à travers ce silence, tous ceux qui nous aimaient encore, depuis le Canada jusqu’à l’Amérique latine, depuis la Grèce et l’Iran jusqu’aux îles du Pacifique, reconnurent que la France bâillonnée avait au moins retrouvé l’une de ses voix, puisqu’elle avait retrouvé la voix de la mort.
L’histoire des Glières est une grande et simple histoire, et je la raconterai simplement. Pourtant, il faut que ceux qui n’étaient pas nés alors — et depuis, combien de millions d’enfants ! — sachent qu’elle n’est pas d’abord une histoire de combats. Le premier écho des Glières ne fut pas celui des explosions. Si tant des nôtres l’entendirent sur les ondes brouillées, c’est qu’ils y retrouvèrent l’un des plus vieux langages des hommes, celui de la volonté, du sacrifice du sang.
Peu importe ce que fut dans la Grèce antique, militairement, le combat des Thermopyles. Mais dans ses trois cents sacrifiés, la Grèce avait retrouvé son âme, et, pendant des siècles, la phrase la plus célèbre fut l’inscription des montagnes retournées à la solitude, et qui ressemblent à celles-ci : « Passant, va dire à la cité de Sparte que ceux qui sont tombés ici sont morts selon la loi. »
Passant, va dire à la France que ceux qui sont tombés ici sont morts selon son cœur. Comme tous nos volontaires depuis Bir-Hakeim jusqu’à Colmar, comme tous les combattants de la France en armes et de la France en bâillons, nos camarades vous parlent par leur première défaite comme par leur dernière victoire, parce qu’ils ont été vos témoins.
On ne sait plus guère, aujourd’hui, que tout commença par un mystère de légende. Le plateau des Glières était peu connu ; presque inaccessible, et c’est pourquoi les maquis l’avaient choisi.
Mais alors que nous combattions par la guérilla, ce maquis, à tort ou à raison — peu importe : la France ne choisit pas entre ses morts ! — avait affronté directement la Milice, allait affronter directement l’armée hitlérienne. Presque chaque jour, les radios de Londres diffusaient : « Trois pays résistent en Europe : la Grèce, la Yougoslavie, la Haute-Savoie. » La Haute-Savoie, c’était les Glières.
Pour les multitudes éparses qui entendaient les voix du monde libre, ce plateau misérable existait à l’égal des Balkans. Pour des fermiers canadiens au fond des neiges, la France retrouvait quelques minutes d’existence parce qu’un Savoyard de plus avait atteint les Glières.
La Milice de Darnand, les troupes italiennes, la police de l’Ovra, n’avaient pas suffi pour venir à bout de ces combattants toujours regroupés. Hitler y mit la Gestapo, et contre nous, la Gestapo pesait lourd. La Gestapo ne suffit pas.
En janvier 44, les maquis de l’Ain sont harcelés par trois divisions. Ceux de Haute-Savoie reçoivent l’ordre de se regrouper ici, au commandement du lieutenant Tom Morel, décoré en 40 pour l’un des plus éclatants faits d’armes des unités alpines. La montée commence. Les accrochages aussi. Le 13 février, les messages codés de la BBC annoncent le premier parachutage.
Voici la nuit. Le champ — pauvre champ — est éclairé par cinq torches électriques et des lampes de poche. On n’entend pas les avions. On n’entend rien. Jusqu’à ce que les sirènes antiaériennes d’Annecy emplissent lentement la nuit. Bon augure : les avions approchent. Mauvais augure : ils sont repérés. On allume les quatre énormes bûchers de sapin préparés. Le bruit des moteurs. Le premier avion, invisible, fait clignoter son signal. Le bruit s’éloigne. La neige, le flux et le reflux des sirènes dans la nuit préhistorique. Pas encore d’ennemis, plus d’amis. Mais sur le ciel noir, apparaissent un à un, éclairés en roux par les feux du sol, cinquante-quatre parachutes. Pas d’armes lourdes.
Tant pis. Les accrochages reprennent. Le 9 mars, cent hommes des Glières vont attaquer Entremont pour délivrer des prisonniers. Après deux heures et demie de descente, ils atteignent le village qu’alertent les chiens. Village conquis, prisonniers délivrés, 47 gardes, prisonniers à leur tour, montent ici, tirant un monceau d’armement. Tirant aussi le corps de Tom Morel, tué par le commandant des gardes capturé, à qui il avait laissé son revolver.
Le maquis enterre son chef. Et entend, bouleversé, le glas de toutes les églises monter de la vallée comme montait l’appel des sirènes pendant le parachutage. Ici, le drapeau claque dans les rafales de neige, sur ce que Tom Morel appelait « le premier coin de France qui ait recouvré la liberté ».
Le mot « Non », fermement opposé à la force, possède une puissance mystérieuse qui vient du fond des siècles. Toutes les plus hautes figures spirituelles de l’humanité ont dit Non à César. Prométhée règne sur la tragédie et sur notre mémoire pour avoir dit Non aux Dieux. La Résistance n’échappait à l’éparpillement qu’en gravitant autour du Non du 18 juin. Les ombres inconnues qui se bousculaient aux Glières dans une nuit de Jugement dernier n’étaient rien de plus que les hommes du Non, mais ce Non du maquisard obscur collé à la terre pour sa première nuit de mort suffit à faire de ce pauvre gars, le compagnon de Jeanne et d’Antigone... L’esclave dit toujours oui.
Les gardes de Vichy attaquent au Sud, du côté de Notre-Dame, pour délivrer les leurs, et sont repoussés. Le combat s’achève à peine lorsque la BBC transmet le message : « Le petit homme casse des tessons de bouteille. » Avant minuit, trente quadrimoteurs larguent 90 tonnes de matériel.
Quand un avion allemand vient en reconnaissance, la vaste neige est encore constellée de parachutes multicolores : le ramassage n’est pas terminé. Le lendemain, trois Heinkel bombardent et mitraillent à loisir le plateau redevenu innocent. Sans grands résultats. Sauf celui-ci : les Allemands savent désormais que le maquis ne possède pas d’armes antiaériennes. Donc cinq jours plus tard, Stukas et Junkers. Chalets transformés en torches. Le capitaine Anjot remplace Tom Morel au commandement des Glières. Nouvelle attaque des gardes, de nouveau repoussée. Le 23, bombardement massif. Les Allemands prennent le commandement. Une division alpine de la Werhrmacht arrive à Annecy.
Assistée de deux escadrilles de chasseurs et de bombardiers. Police allemande, Milice vichyste. L’artillerie divisionnaire, les automitrailleuses.
En face, le maquis dont nous attendons, heure après heure, que la radio de Londres nous parle. Entre tant de Français à l’écoute, pas un ne sait que ce maquis est un fantôme. Moins de cinq cents combattants. L’armement qui attend leurs compagnons ne comprend que des armes légères. Contre l’artillerie divisionnaire allemande et les automitrailleuses, par un canon, pas un bazooka. Plus de ravitaillement. Autour, vingt mille hommes.
Le premier grand combat du Peuple de la Nuit s’engage. Écoutons les dépêches allemandes :
Le 24 : « Terroristes font sauter train renforts allemands devant Annecy — Attaque Milice au-dessus d’Entremont. Sentinelles espagnoles tuées — Rejointes par groupes terroristes — Milice engagée deux heures stop — Troupes Milice regroupées à l’arrière. »
Le 25 : « Préparation artillerie et bombardement aviation. »
Le 26 : « Attaque Milice ouest et nord-ouest. Troupes regroupées — Attaque allemande nord stoppée, envoyez aviation — Nos mortiers mis en place — Attaque Milice et garde de réserve deux points ouest depuis cinq heures — Attaque générale 11 heures. »
Ils attaquent, en effet, de tous côtés.
L’avant-poste de la passe d’Entremont — dix-huit hommes — est attaqué par deux bataillons. Deux sections de renfort atteignent la passe. Le premier fusil-mitrailleur s’enraye. Le second est détruit, son servant tué. L’un des deux chefs de section, Baratier, a l’impression d’être seul à tirer: il ignore qu’il survit seul. Il se replie en continuant à combattre, est pris à revers et tué. Il défendait la passe depuis une heure et demie.
Les maquisards, qui se rabattent vers le centre, reçoivent plus vite les munitions, et tiennent. Pourquoi l’ennemi s’enfouit-il dans la neige ? Dix minutes plus tard, commencent les piqués ininterrompus des Stukas, serrés comme des fers de herse. La nuit va descendre. Le capitaine Anjot combat devant les tombes de Morel et de Descours. L’aviation s’en va, remplacée par le pilonnage méticuleux de l’artillerie. Il fait nuit. Le 27 au matin, les troupes allemandes de l’est touchent le poste de commandement du maquis, commencent le feu. En face, des cris allemands, poussés par leurs camarades de l’ouest. Les maquisards ont disparu.
Ils connaissaient bien ce terrain, que les Allemands ne connaissaient pas du tout. Anjot a convoqué les chefs de section, et ils ont décidé de décrocher.
Pendant que toute la Résistance, à l’écoute, attend le pire (chacun sait maintenant que les Glières n’ont ni canons ni avions), des chaînes de fantômes qui se tiennent par la main dans la nuit pour pouvoir relever leurs blessés lorsqu’ils tombent, traversent l’anneau discontinu des troupes d’assaut. Encore leur faut-il arriver jusqu’aux agglomérations de la vallée, où leurs camarades que l’on appelle les sédentaires leur donneront asile.
Le jour se lève.
Alors, commence la grande trahison de la neige.
Ces insaisissables fantômes dont les Allemands ne rencontraient que les balles et ne trouvaient que les cadavres, sont partis avec la nuit. « La petite aube dissipe les spectres », dit le proverbe espagnol qu’un des miliciens de l’Ebre cite au capitaine Anjot. Ces ombres, hélas ! sont devenues des traces. Les Allemands cherchent le gros du maquis réfugié dans quelque abri de montagne, car ils croient combattre quelques milliers d’adversaires. Mais nombreuses ou non, les traces mènent aux hommes, et les sections ennemies occupent les pentes. Le lendemain, le capitaine Anjot et les six Espagnols qui combattent avec lui sont tués. De ce qui fut l’épopée des ombres, il ne restera le jour venu que 121 cadavres tués entre les villages, exécutés sur les places ou torturés à mort. « Inutile de reprendre l’interrogatoire des lessés, télégraphie la Gestapo : ces débris sont vides. »
C’est l’heure des représailles. Les paysans suspects de contacts avec le maquis sont exécutés ou déportés, et l’on reconnaît les hameaux, la nuit, aux torches des chalets qui flambent.
Pourtant, si les torturés sont vides, la Résistance ne l’est pas encore. Le premier chef est mort, le second chef est mort; les rescapés organisent d’autres maquis, rejoints par des jeunes de plus en plus nombreux. Le gros des unités allemandes est appelé en Normandie. Le 1er mai, les maquis les plus proches reviennent manœuvrer sur ce plateau où ils retrouvent les cylindres couverts de rouille des parachutages, entre les chalets incendiés. Le 14 juillet, ils défilent à travers Thônes. Le 1er août, les camions ont rassemblé 1 500 hommes de l’armée secrète et 400 FTP. À onze heures, les forteresses volantes lâchent le dernier parachutage, qui apporte enfin les armes lourdes.
Fini le temps des maquis de misère ! Un char qui se dresse est certes une terrible bête ; mais pour lui, un bazooka invisible est un monstre caché. C’est le bazooka, non la mitraillette, qui a fait des vrais maquis une force supplétive considérable. Un char est plus fort qu’une compagnie de mitraillettes, il n’est pas plus fort qu’une torpille.
Le 13, pendant trois jours, les automitrailleuses ennemies combattent les maquis, et sautent. Le 19, lorsque la radio annonce que l’insurrection générale commence à Paris, cinq mois jour pour jour après l’attaque des Glières, le général Oberg, qui la commandait, apporte au capitaine Nizier, chef militaire de la Résistance, la capitulation de ses troupes.
Alors, dans tous les bagnes depuis la Forêt-Noire jusqu’à la Baltique, vos déportés qui survivaient encore se levèrent sur leurs jambes flageolantes. Et le peuple de ceux dont la technique concentrationnaire avait tenté de faire des esclaves parce qu’ils avaient été parfois des héros, le peuple dérisoire des tondus et des rayés, notre peuple ! pas encore délivré, encore en face de la mort, ressentit que même s’il ne devait jamais revoir la France, il mourrait avec une âme de vainqueur.
Et maintenant, le grand oiseau blanc de Gilioli a planté ses serres ici. Avec son aile d’espoir, son aile amputée de combat, et entre elles, son soleil levant. Avec son lieu de recueillement, sa statue dont les bras dressés sont pourtant des bras offerts. Avec ses voix entrecroisées, qui feront penser à l’interrogation des tombeaux égyptiens : « Que disent les voix de l’autre monde, avec leur bruit d’abeilles... » Elles disent : « Nous sommes les torturés agonisants, dont la Gestapo disait qu’il était inutile de les lui envoyer puisqu’ils étaient vides. »
Les Espagnols tombés ici en se souvenant des champs de l’Ebre et du jour où la Révolution vida les monts-de-piété de tout ce que les pauvres y avaient engagé.
Les Français qui avaient rejoint après avoir combattu, eux, dans la ligne Maginot jusqu’au dernier jour. Les gens des villages sans lesquels le maquis n’aurait pu ni se former ni se reformer ; ceux qui ont sonné le glas pour lui ; ceux que les hitlériens ont déportés, ceux qu’ils ont fait courir pour rigoler, pendant la répression, devant leurs mitrailleuses qui les descendirent tous.
Peu importent nos noms, que nul ne saura jamais. Ici, nous nous appelions la France. Et quand nous étions Espagnols, nous nous appelions l’Ebre, du nom de cette dernière bataille. Je suis la mercière fusillée pour avoir donné asile à l’un des nôtres. La fermière dont le fils n’est pas revenu.
Nous sommes les femmes, qui ont toujours porté la vie, même lorsqu’elle risquaient la leur. Nous sommes les vieilles qui vous indiquaient la bonne route aux croisées des chemins, et la mauvaise, à l’ennemi. Comme nous le faisons depuis des siècles. Nous sommes celles qui vous apportaient un peu à manger ; nous n’en avions pas beaucoup. Comme depuis des siècles.
Nous ne pouvions pas faire grand-chose ; mais nous en avons fait assez pour être les Vieilles des camps d’extermination, celles dont on rasait les cheveux blancs. Jeanne d’Arc ou pas, Vierge Marie ou pas, moi, la statue dans l’ombre au fond du monument, je suis la plus vieille des femmes qui ne sont pas revenues de Ravensbrück. Morel, Anjot et tous mes morts du cimetière d’en bas, c’est à moi que viendront ceux qui ne connaîtront pas votre cimetière. Ils sauront mal ce qu’ils veulent dire lorsqu’ils chuchotent seulement qu’ils vous aiment bien.
Moi, je le sais, parce que la mort connaît le murmure des siècles. Il y a longtemps qu’elle voit ensevelir les tués et les vieilles. Il y a longtemps, Anjot, qu’elle entend les oiseaux sur l’agonie des combattants de la forêt ; ils chantaient sur les corps des soldats de l’an II. Il y a longtemps qu’elle voit les longues files noires comme celle qui a suivi ton corps, Morel, dans la grande indifférence de l’hiver. Depuis la fonte des glaces, vous autres dont les noms sont perdus, elle voit s’effacer les traces des pas dans la neige, celles qui ont fait tuer. Elle sait ce que disent aux morts ceux qui ne leur parlent qu’avec les prières de leur mère, et ceux qui ne disent rien. Elle sait qu’ils entendront le glas que toutes les églises des vallées ont sonné un jour pour vous, et qui sonne maintenant dans l’éternité.
Sources et contributeurs de l’article Discours d’André Malraux aux Glières Source: http://fr.wikisource.org/w/index.php?oldid=1169846 Contributeurs: Vegetarien75, Yann, 1 modifications anonymes
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Rédigé à 01:23 dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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"Etre dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Etendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains!"
Anna de Noailles - Le coeur innombrable
C'est le premier quatrain de ce poème d'Anna de Noailles "La vie profonde", lu dans une anthologie de la poésie française du XXème siècle. Quant à la photo je l'ai prise il y a quelques années déjà (c'est un euphémisme) quand je fréquentais les cours d' Ernestine Ruben (Ernie pour les intimes) au Centre Culturel Américain.
Rédigé à 23:00 dans Artistes, Photographie, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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Bon, je n'ai pas tout compris aux compétitions de surf, mais j'ai maintenant les bases:
- les séries durent entre quinze et vingt minutes, avec généralement quatre ou cinq compétiteurs,
- dans cette période, les surfers peuvent prendre un maximum de douze vagues, seules les deux meilleures seront retenues,
- pour ce qui est du calcul des points, c'est pour moi encore du chinois (back side, bottom turn, cut back, rall grab et j'en passe...).
Les gamins se sont éclatés, et moi je suis cramé... ce soir c'est biafine.
Rédigé à 23:50 dans Ile de Ré, Sport, Sports, Surf | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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Nous vivons depuis plusieurs mois un fantastique mouvement d’insurrection des consciences, parti d’Afrique du Nord, qui déferle maintenant sur l’Espagne, la Grèce et le Portugal avec les mouvement des « indignés », portés par une jeunesse sacrifiée sur l’autel de l’économie mondialisée. Ces mouvements s’attaquent tous aux « élites » des pays démocratiques ou totalitaires qui d’un côté comme de l’autre ont pillé les ressources des peuples au seul nom de leur intérêt personnel ou de caste. En toute modestie, notre place des tilleuls est un peu notre place Tharir, d’où est parti le mouvement «Réagir ». Le bien public est le bien de tous et non pas celui d’un petit groupe de privilégiés. Comme disent nos amis espagnols « Democratia Real Ya, une vraie démocratie maintenant »,
Le TUM ou la page Facebook de Réagir n’impactent pas vraiment le maritais moyen, mais les réseaux sociaux sont entrain de bouleverser l’implication des populations dans la vie démocratique de leur ville, de leur pays, de leur continent (en substance, même si on élit démocratiquement des représentants aux instances décisionnaires, on leur demande désormais des comptes en temps réel, et on n’attend plus simplement la fin de leur mandat pour les sanctionner). Et il n’y a aucune raison pour que Sainte-Marie échappe à ce mouvement.
Rédigé à 01:44 dans Démocratie, Ile de Ré, Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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