J'ai enfin doublé le Cap Horn, ce rocher mythique, après plus de deux mois de navigation en solitaire à bord de Mandarineandco, et je vais pouvoir accrocher avec fierté à mon oreille gauche l'anneau d'or réservé aux Cap Horniers.
Mais j'ai aussi pris une grave décision, celle de ne pas rentrer aux Sables et de faire route au 90, dans le sillage de Joshua, le bateau de Bernard Moitessier.
En 1968, alors en tête de la première course en solitaire au tour du monde sans escale, il décidait de continuer sa course et de retourner dans le Pacifique à la recherche de "l'île".
Dans son récit de "la longue route", il faisait ce constat amer: "quand on a côtoyé si longtemps les grandes étendues jusqu'aux étoiles, plus loin que les étoiles, on revient avec d'autres yeux... partir de Plymouth pour revenir à Plymouth, c'est devenu au fil du temps comme partir de nulle part pour revenir nulle part".
Et je terminerai ce billet par ce conseil de Maqroll el Gaviero, personnage presque absolu du romancier colombien Alvaro Mutis : "Suis les navires. Suis les routes que sillonnent les embarcations vieilles et tristes. Ne t'arrêtes pas. Evite jusqu'au plus humble des mouillages, remonte les fleuves. Descends-les. Confonds-toi avec les pluies qui inondent les savanes. Refuse tout rivage".
Bon vent!
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